Notes de lecture : La mort de la mort, Laurent Alexandre, 2011


Où l’on reparle de la possibilité du COVID

L’homme amélioré

Il est question ici d’une convergence technologique entre les nano-technologies, la biologie, l’informatique et les sciences cognitives (NBIC) afin de guérir de la maladie ultime : la mort.

Les premières avancées sont liées en 2003 au séquençage complet de notre ADN accessible à tous[1] et permettant désormais une médecine non pas en fonction d’une pathologie mais de notre pathologie dans tous ce qu’elle a de spécifique. Il est désormais, en effet, possible de réparer nos gènes, de les reprogrammer, de créer des gènes artificiels, mais aussi de cultiver nos propres cellules souches pour nous « réparer », nous régénérer en recomposant n’importe quel organe. Et encore à l’époque de ce livre (2011) la technologie CRISPR, une paire de ciseaux génétiques, était inconnue.

La convergence technologique va gommer la différence entre la chimie et la  biologie, donc entre la matière et la vie, puisqu’à l’échelle nanométrique il n’existe aucune différence entre une molécule chimique et une molécule vivante. Le médecin devient donc un ingénieur du vivant et acquiert la faculté de transformer le vivant, de le guérir, de l’améliorer. Des machines peuvent veiller contre nos maladies, il s’agit de nanorobots détruisant les virus et les cellules cancéreuses.

Combattre notre obsolescence programmée

Notre corps vieillit avec la détérioration de nos cellules. Nos mitochondries se dérèglent, nos chromosomes pâtissent d’erreurs de copie du fait de la détérioration de nos protéines à la base de nos divisions cellulaires. Et puis l’extrémité de nos chromosomes, les télomères, rétrécissent à chaque division jusqu’à bloquer la division cellulaire, nos cellules souches disparaissent. Notre énergie dégage des radicaux libres qui vieillissent notre organisme, nous produisons moins de protéines, ces deux phénomènes affectent notre ADN en émoussant sa capacité de se réparer alors que nos cellules sont saturées de déchets, ne peuvent plus communiquer ensemble, l’inflammation se développe et abime nos tissus. Le vieillissement entraine l’apparition de diabètes, athérosclérose, cancer, maladie d’Alzheimer, de Parkinson.

La mort apparaît alors naturellement comme c’était le cas pour l’homme d’il y a 50 000 ans, à la fin de sa période de reproduction soit en moyenne 25 ans. C’est aussi le cas pour la plupart des animaux, l’homme est donc désormais la seule espèce qui puisse vieillir aussi longtemps après avoir donné la vie.

Il doit vivre déjà aussi longtemps pour se reproduire et nous sommes les fruits d’un nombre infini de génération qui ont passé le cap de la sélection par reproduction alors que ceux dont le matériel biologique était défaillant se sont éteints. La mort est donc aussi un outil de sélection non au bénéfice des plus forts mais des mieux adaptés. Pourtant, nous sommes aujourd’hui capables de maintenir en vie des personnes autrefois condamnés par leurs gènes. Jacques Monod craignait qu’en laissant se perpétuer des gènes défaillants, l’espèce humaine pouvait s’affaiblir, heureusement il n’est pas besoin d’eugénisme grâce à l’ingénierie biologique qui nous est aujourd’hui accessible.

Nos cellules sont programmées pour mourir, d’autres se forment, nous mourrons et renaissons en permanence sans nous en rendre compte. Ce phénomène permet le développement d’une structure vivante aussi complexe que l’homme. D’ailleurs nos gènes peuvent avoir plusieurs fonctions biologiques (pléitropie), celui qui active la puberté nous expose aussi ensuite au diabète de type 2, donc inactiver un mauvais gène peut, par exemple, nous rendre stérile.

L’IA médecin

Mais notre patrimoine génétique fait de chacun de nous des êtres différents alors que la médecine traditionnelle prétend nous soigner selon des méthodes standardisées, la médecine doit sortir du prêt-à-porter pour le sur-mesure. On se soigne qu’en connaissait le patrimoine génétique de son patient, ce qui nécessite l’utilisation de puces à ADN donc des tests ADN pour révéler tout dysfonctionnement potentiel permettant une prévention adaptée des maladies susceptibles d’apparaître. De gigantesques bases de données devraient permettre de corréler des marqueurs génétiques avec des maladies. Ces mêmes bases avec la démultiplication des capacités de traitement pourront même modéliser les effets des différentes molécules sans expérimentation in vivo.

Le développement des technologies NBIC s’accompagne d’un bouleversement des rapports de pouvoir dans nos sociétés au bénéfice des scientifiques et du transhumanisme.

Selon Laurent Alexandre, cette influence de plus en plus forte passe par trois phases :

– le développement des prothèses, de la bio-ingénierie pour l’humain amélioré ;

– la technologie de la vie artificielle avec la première cellule artificielle créée par Craig Venter en 2010 ;

– l’intelligence artificielle qui marquera le post-humanisme.

Bioconservateurs contre Transhumanistes

Laurent Alexandre voit en Google, une entreprise amené à exercer un contrôle tentaculaire sur les NBIC, directement ou par des entreprises qu’il contrôle comme 23andme dans le séquençage génomique. Le facteur clé du succès de Google est son contrôle de gigantesques bases de données, sa capacité de stockage et de traitement de l’information. Google parraine d’ailleurs avec la NASA, la fameuse université transhumaniste de la Singularité[2]. Il présente Google comme une entreprise capitaliste NBIC, mais évoque aussi Bill Gates, comme philoentrepreneur NBIC. Leurs projets peuvent inquiéter mais nous ne savions pas encore en 2011 qu’ils allaient participer à une plandémie afin de mûrir un nouvel ordre mondial.

D’un autre côté, le philosophe Nick Bostrom, prône un droit à reconstruire sa propre humanité par l’utilisation de technologies à même de modifier notre corps et notre conscience. Pas de doute pour Laurent Alexandre, les avantages en termes d’amélioration de l’humain, d’éradication des maladies, y compris par l’eugénisme des diagnostics préimplantatoires déjà effectués[3], vont voir la défaite des bioconservateurs au profit des transhumanistes. Il inscrit ce mouvement dans une acceptation des pratiques de l’avortement, de la GPA et de l’euthanasie. De la même façon, l’influence des droits positifs assurés par l’Etat-Providence devrait faire en sorte que le remboursement de l’ensemble des nouvelles biothérapies soient remboursées, car la mort devient insupportable, le handicap et les déficits cognitifs ne sont pas davantage acceptables quand des réponses thérapeutiques existent. De la réparation, la revendication de l’amélioration n’est pas loin en tant que droit. Vouloir s’opposer à cette tendance, instaurer des moratoires éthiques ne tient pas, certains pays ne jouent déjà pas le jeu, comme c’est le cas de la Chine et l’impératif de compétitivité internationale touche les NBIC.

Les États dépassés ?

Mais l’Etat-Providence, et sa pseudo logique de solidarité, est condamné par la biomédecine. En effet, la médecine prédictive n’intéresse pas seulement les plus âgés, mais chaque âge tout au long de sa vie, alors qu’en 2011 70 % des dépenses de santé sont concentrées sur 8 % des personnes atteintes de pathologies lourdes. Evidemment, depuis certaines pathologies voient aussi leur prise en charge s’alléger, comme les prothèses 3 D, sans compter que la prévention permet d’élimer une partie de ces pathologies lourdes. S’ajoutent enfin des effets d’expérience qui vont limiter les coûts. Hausse des coûts initiaux dans un premier temps, puis démocratisation de la prise en charge[4], de nouveaux besoins vont apparaître dans le champ de l’amélioration, de quel droit ne pas honorer la demande de satisfaction de ces besoins ?

Reste que l’Etat veut dire nos droits, qu’a priori Laurent Alexandre ne s’y oppose pas, mais donne des arguments pour comprendre que le pouvoir réglementaire de l’Etat devient vite du n’importe quoi, sur des questions que les politiques ne comprennent pas : « L’homme politique, en France comme ailleurs, vit avant tout dans le court terme. Ses préoccupations principales sont l’élection prochaine, le prochain coup de com qu’il pourra faire et sa couverture médiatique. Est-il au pouvoir ? Il calme l’opinion prompte à s’enflammer au moindre fait divers par des lois ad hoc aussi rapidement votées qu’inadaptées. Il approuve, encourage et accentue la dictature de l’émotion qui asservit les médias. On connaît la conséquence de cette manière de fonctionner : une inflation législative sans précédent et une radicale dévalorisation de la loi ».

Une analyse que nous ne contredirons pas quant au fonctionnement du système démocratique,  le pire est toujours possible de la part de ceux qui entendent nous gouverner surtout dans une domaine où nos choix n’ont pas à être phagocytés par le politique. Et pourtant, c’est sous prétexte d’égalité, de sécurité, du faux concept d’externalités, que  le pouvoir politique est tenté d’exercer le monopole d’exploitation des technologies NBIC. À ce sujet, comme le précise Laurent Alexandre : « Il n’y a aucune raison que l’État, par essence transgressif en termes d’atteinte aux libertés, résiste à la tentation, ne serait-ce que parce qu’il est financièrement démuni, et qu’il cherche en permanence une occasion de justifier son existence. Jouant les marchands de peur et entretenant les citoyens phobiques dans l’ambition – illusoire et dangereuse – de bâtir une société du non-risque, les hommes politiques vont très certainement tenter de surfer sur la vague NBIC pour accroître leur contrôle »[5]

Les moyens du totalitarisme

Ce sera sous prétexte de « notre bien » ou de celui de la planète, que l’État pourra contrôler nos déplacements par puce RFID, qu’il voudra normaliser notre habitude alimentaire, nos addictions pour que nous ne soyons pas un risque pour nous et pour les autres. Il suffira que des fonctionnaires vérifient les traces que nous laissons sur les réseaux sociaux, notre génome, épigénome et constances génétiques[6].

Alexandre cite alors Lysander Spooner : «  les vices ne sont pas des crimes ».Mais l’Etat voudra criminaliser des innovations technologiques dont il ne détient pas le contrôle[7], développant ses moyens de propagande pour présenter un usage privé comme dangereux alors qu’un usage public serait conforme à l’intérêt général. Ce qui amène Laurent Alexandre a préciser justement : « La sécurité est devenue la nouvelle religion au nom de laquelle tout emploi de la force publique est justifié, comme le salut et la loi divine justifiaient les bûchers au Moyen Âge ».

Et, si nous ne faisons pas échec au Tout-État alors nous pouvons craindre que nos politiques cherchent à nous transformer. Rappelons que nos attitudes, notre alimentation, nos médicaments, notre environnement, notre culture influent sur notre épigénétique, laquelle agit sur notre génome, activant ou réprimant nos gènes. Un comportement non-inscrit dans nos gènes peut ainsi se transmettre à notre descendance. L’État pourra jouer les épigénéticiens pour nous rendre plus docile encore et plus crédule quant aux croyances qu’il nous infuse.

Avait-il prévu la plandémie ?

Il pourrait aussi être concevable que les NBIC soient utilisées pour porter atteinte à notre santé, ce qui soigner peut aussi tuer. « Les technologies génétiques vont aussi permettre à des individus mal-intentionnés[8]de modifier virus et bactéries (biologiques, cette fois) pour créer de nouvelles maladies en laboratoires. Des maladies furtives, redoutablement contagieuses, capables de causer des ravages. Une attaque terroriste virale, avec par exemple une version modifiée du SRAS, de la variole ou autre, pourrait provoquer des millions de victimes avant qu’un vaccin ne soit disponible »

Une vision prémonitoire du COVID sorti d’un laboratoire.


[1] Pour un coût de 600 dollars en 2023 alors que le premier séquençage avait coûté 3 milliards de dollars.

[2] Référence à la Singularité technologique : le dépassement du cerveau humain par l’intelligence artificielle.

[3] Ce qui suppose une généralisation de la fécondation in vitro. Mais depuis 2023 il est devenu possible de créer des embryons à partir de cellules souches sans passer par des ovules et spermatozoïdes.

[4] Les thérapies géniques devraient suivre la loi de Moore avec une évolution exponentielle de ses performances à des coûts de plus en plus faibles.

[5] Laurent Alexandre avait bien prévu le coup de force de la plandémie COVID, de façon surprenante il a pourtant soutenu la politique sanitaire délirante mise en place. Pourtant il dénonçait aussi le Code de la santé publique des sociétés occidentales comme « succession d’obligations contraignantes et d’interdits pour les individus. Interdiction de fumer, de boire, de rouler trop vite, de pratiquer telle ou telle activité. Obligation d’être vacciné ou d’adopter de multiples normes. »

[6]  Disponibles depuis quelques années sur des sites généalogiques établissant des parentés à partir de prélèvement d’ADN par écouvillon, mais aussi par les tests COVID en laboratoire. Il aurait fallu disposer de codages par blockchain pour mettre l’Etat hors d’état de nous nuire (https://www.bocasay.com/fr/blockchain-protege-donnees-personnelles/)

[7] Pensons à la façon dont l’Etat cajole ces entrepreneurs qu’il contrôle et dont il s’en prend à Elon Musk.

[8] On peut plus précisément penser à des États, des fondations, l’OMS.

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